尝试改译法国诗人夏尔•波德莱尔诗篇《音乐》
《音乐》
音乐常常像大海一样把我虏去!
朝着我苍白星辰,
顶着雾茫茫上界或那浩瀚天宇,
我扬满船帆启程;
向前挺直胸膛吸足气鼓起肺叶
如敞开片片布帆,
我在层层叠浪脊背上奋力登攀
而夜却蒙住我眼;
我周身感受到的各种激情震颤
是一艘船的痛楚;
顺风、暴风雨以及那阵阵抽搐
在广袤深渊之上
把我摇晃。有时平静如面大镜
使我的绝望显映!
注:伟嘉参阅郭宏安、钱春绮、卞之琳、彭建华、戴望舒等诸家译文改译。




注:
1. 除标题外,原诗共十四行,只有三句话:第一句和最后一句都很短,可谓言简意赅;中间是个虚实结合、借物抒情的复合长句。鉴此,汉语译文总体架构乃至标点符号,力求贴近法语原文;
2. 选词尽量与法文原文排比对应;
3. 按法国多位文学评论家对这脍炙人口的诗作诠释,波德莱尔刻意选用不同冠词和人称代词,寓意深邃(人与物融合,情与境渗透,虚与实交叉,自我与读者角色轮换,对音乐可谓是“下里巴人”的他,却借此高雅艺术评述其跌宕起伏的主客观人生)。
4. 适当考虑押韵。
■ La mer offre en effet ici l'idée de l'immensité et surtout du mouvement. L'allitération en labiales m, retirée quatre fois, insiste sur l'initiale commune de «musique» et de «mer» qui ont sur le poète l'effet d'un emportement total. «me prend» agit comme une prise de possession amoureuse ou maternelle. La modalité exclamative renforce l'élan de cet incipit. Par la suite, le mouvement sous toutes ses formes évoque les variations de la musique et les aléas du voyage en mer tous deux analogiques de la vie intérieure du poète en proie à la joie ou au long tourment. L'allusion à la nuit vers 7-8 («les flots.que la nuit me voile») montre que la sensation visuelle cède sa place au ressenti du mouvement pur («j'escalade le dos.»). Un lexique ambigu vient servir cette figure de l'analogie qui, amorcée par une comparaison «comme une mer», s'épanouit en une vaste métaphore structurelle. Un verbe comme «vibrer» s'applique aux trois domaines des sens : vibration des ondes sonores, de la coque du navire soumis à la colère des flots, et du système nerveux du poète qui est toute réceptivité. La métaphore structurelle et généralisée, qui travaille ce texte invite à s'interroger plus précisément sur la caractéristique du comparant, le voyage maritime. Qui subit ou vit ce voyage ? La figure dominante d'énonciation, le «je», apparaît d'emblée à travers le pronom personnel « me » et on note le rappel explicite de sa présence huit fois à travers les pronoms personnels («je», «me») et les adjectifs possessifs («ma», «mon»). La première strophe peut laisser planer une ambiguïté sur ce « je » : est-il sur le navire ? «Je mets la voile» peut-être utilisé par un capitaine qui fait corps avec son bâtiment. Où est-il le navire lui-même ? La seconde strophe assimile le poète à une sorte de figure de proue («la poitrine en avant») tandis que les poumons se muent aux voiles. Une comparaison vient s'intégrer au vaste système métaphorique («les poumons gonflés comme de la toile») faisant du «je» un navire à part entière. En effet, il s'agit bien d'un voyage avec toutes ses composantes. La destination est représentée par «la pâle étoile» bonne ou mauvaise ? qui guide faiblement («pâle») ce voyage intérieur.